Dans le cadre du procès de Moustapha Diakhaté, ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar, Me El Hadj Diouf a pris la parole pour défendre son client. Fidèle à son style singulier et engagé, l’avocat a dénoncé une procédure qu’il juge orchestrée pour museler un opposant politique.
« Un procès politique »
Selon Me El Hadj Diouf, le dossier de son client repose sur des motivations politiques évidentes. « Ce procès est un procès politique. Il fallait trouver un moyen de l’envoyer en prison », a-t-il déclaré devant le tribunal, accusant le parquet de chercher à tout prix à incriminer Moustapha Diakhaté.
Pour l’avocat, cette affaire illustre une tentative de neutralisation d’une voix critique, car Moustapha Diakhaté « cherche à conscientiser son peuple ». Il ajoute : « On lui cherchait depuis longtemps la petite bête pour le faire taire ».
Une contestation sur le fond
Au cœur des débats, une interprétation du mot wolof “Alkou”, utilisé par son client. Le procureur a présenté ce terme comme insultant, mais Me El Hadj Diouf a vigoureusement contesté cette définition. « Le dictionnaire du procureur n’a aucune authenticité scientifique », a-t-il affirmé. Selon lui, le mot signifie « un peuple dupé et abusé », et non une injure, appelant à ne pas imposer « une façon biaisée de comprendre le wolof ».
Appel à une justice indépendante
Plaidant pour une relaxe pure et simple de Moustapha Diakhaté, Me El Hadj Diouf a insisté sur la nécessité pour la justice de ne pas céder à des pressions politiques. « La justice ne doit pas être utilisée pour brimer et abattre des adversaires politiques », a-t-il averti. Il a également exhorté les juges à ne pas rendre une « justice des vainqueurs » dictée par des considérations partisanes.
L’avocat a conclu son intervention en lançant un appel vibrant : « Vous êtes notre dernier rempart. Relaxez purement et simplement mon client pour rassurer le peuple sénégalais que la justice ne peut pas être confisquée. »
Une affaire qui divise
Cette affaire suscite des réactions contrastées dans l’opinion publique, entre ceux qui y voient une légitime application de la loi et ceux qui dénoncent une instrumentalisation de la justice pour réduire au silence les voix discordantes. Elle s’inscrit dans un contexte où la liberté d’expression et l’indépendance de la justice sont des enjeux majeurs au Sénégal.
La décision du tribunal sera scrutée de près, car elle pourrait marquer un tournant dans la perception de l’état de droit dans le pays.