L’ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar, Moustapha Diakhaté, a été condamné par le Tribunal des flagrants délits de Dakar à deux mois de prison ferme. Il était poursuivi pour « insultes par le biais d’un système informatique » et « discours contraire aux bonnes mœurs ». Cette affaire fait suite à ses déclarations controversées, dans lesquelles il aurait qualifié les électeurs du parti Pastef d’“alku”, un terme en wolof interprété par certains comme signifiant « perdus » ou « foutus ».
Si le verdict a marqué un tournant judiciaire pour Moustapha Diakhaté, la réaction médiatique reste discrète. Un constat dénoncé par le journaliste et analyste Madiambal Diagne, qui a vivement critiqué l’indifférence des médias et des organisations de défense des droits de l’homme.
Sur le réseau social X (anciennement Twitter), Madiambal Diagne a exprimé sa déception :
« Moustapha Diakhaté condamné hier à 2 mois de prison ferme pour avoir dit que les électeurs de Pastef sont des gens ‘alku’. C’est un non-événement dans les éditions du jour des médias et pour les défenseurs des libertés publiques. Reste digne cher ami ! »
La condamnation de Moustapha Diakhaté soulève une question récurrente au Sénégal : celle de la liberté d’expression et de ses limites. Si certains estiment que ses propos relèvent d’un usage abusif de son droit à la parole, d’autres considèrent que le procès traduit une instrumentalisation des institutions pour museler les opposants politiques ou les voix dissidentes.
L’interprétation du terme “alku” est également au cœur des débats. Pour la défense, il ne s’agit pas d’une insulte mais d’un jugement d’ordre critique, tandis que l’accusation a retenu une lecture offensante, contraire aux valeurs et aux bonnes mœurs.
La presse et les droits de l’homme dans le viseur
La sortie de Madiambal Diagne souligne un malaise plus large dans l’écosystème médiatique et activiste sénégalais. Pour lui, l’absence de soutien ou d’indignation face à cette condamnation révèle un biais ou une fatigue face à des sujets touchant aux libertés publiques. Ce silence apparent pourrait refléter une polarisation accrue dans le paysage politique et social du pays.
Le cas de Moustapha Diakhaté dépasse le simple cadre judiciaire et met en lumière les tensions croissantes autour des libertés d’expression et des droits politiques au Sénégal. Si certains y voient une décision légitime pour préserver le respect des mœurs, d’autres craignent que ces verdicts ne renforcent un climat de peur et de censure.
La réaction de la presse et des organisations de défense des droits de l’homme sera scrutée dans les jours à venir, alors que les appels à une justice indépendante et équitable se multiplient dans le pays.