L’Association Sénégalaise des Éditeurs de Presse (ASEP) a lancé une alerte ce mardi 3 décembre 2024, dénonçant ce qu’elle considère comme une tentative systématique de marginalisation et de liquidation des médias critiques par les autorités. Lors d’un communiqué officiel, l’ASEP a vivement fustigé la démarche du ministre de la Communication, Alioune Sall, qu’elle accuse de mener une campagne visant à restreindre la liberté de la presse au Sénégal.
Une démarche qualifiée de partiale et abusive
L’ASEP s’insurge contre la publication récente par le ministère de la liste provisoire des 112 médias reconnus conformes au Code de la presse. Selon l’association, cette initiative relève d’un abus de pouvoir et d’un projet visant à diviser le secteur de la presse, écarter les organes critiques et favoriser les médias proches du régime.
“Le gouvernement s’entête dans une entreprise de division et de marginalisation des médias légalement constitués, en validant ceux favorables à son agenda et en écartant les autres,” a dénoncé l’ASEP dans son communiqué.
Un environnement défavorable à la liberté de la presse
L’association pointe également du doigt un environnement qu’elle juge hostile, caractérisé par :
• Des restrictions administratives et juridiques.
• Des pressions financières qui fragilisent les entreprises médiatiques.
• Une tentative d’imposer des lois jugées abusives, susceptibles de restreindre l’indépendance des organes de presse.
Depuis huit mois, selon l’ASEP, la presse sénégalaise fait face à une série de mesures perçues comme une volonté de déstabilisation du secteur médiatique.
Appel à la mobilisation
Face à cette situation, l’ASEP affirme son intention de résister :
“Nous allons protéger nos entreprises à n’importe quel prix et lutter par tous les moyens légaux disponibles.”
L’association prévoit une sortie médiatique imminente pour sensibiliser la communauté nationale et internationale, les organisations de défense des droits de l’homme et les partenaires financiers du Sénégal. Un plan d’action sera également dévoilé pour répondre aux menaces pesant sur les médias indépendants.
Une menace pour la démocratie
L’ASEP rappelle que la liberté d’expression et le pluralisme médiatique sont essentiels à une démocratie véritable. Elle appelle les autorités à cesser les pratiques qu’elle qualifie de “banditisme d’État” et à privilégier des actions renforçant la viabilité économique des entreprises de presse.
Un secteur en crise
Cette montée des tensions entre les autorités et les acteurs de la presse intervient alors que plusieurs entreprises médiatiques, fragilisées par des difficultés économiques, peinent à subsister. La récente suspension de la parution du quotidien Stades, dirigé par Mamadou Ibra Kane, en est une illustration.
Alors que le débat sur l’avenir de la presse au Sénégal s’intensifie, l’enjeu dépasse les simples considérations économiques. Il s’agit désormais de savoir si le Sénégal, longtemps considéré comme un bastion de la liberté de la presse en Afrique, pourra maintenir cette réputation dans un contexte politique de plus en plus tendu.