Le Président du Conseil des éditeurs et diffuseurs de presse du Sénégal (CDEPS), Mamadou Ibra Kane, a tiré la sonnette d’alarme ce mardi 3 décembre, dénonçant ce qu’il qualifie de tentative de mise au pas des entreprises de presse par le nouveau régime. Lors d’une conférence de presse, il a déclaré : “L’existence des médias est menacée. Contre cela, nous allons réagir.”
Cette prise de position intervient après la publication par le ministère de la Communication et du Numérique, dirigé par Alioune Sall, d’une liste provisoire de 112 entreprises de presse reconnues comme étant en conformité avec les dispositions du Code de la presse.
Une “forfaiture” contre la liberté de la presse
Pour Mamadou Ibra Kane, également président du groupe Africom et patron du quotidien Stades, dont la parution est suspendue pour raisons économiques, cette démarche constitue une violation flagrante de la liberté de la presse. Il critique vivement l’approche du ministre, affirmant :
“Ce n’est pas au ministre de la Communication, ni à une quelconque autorité administrative, de donner une autorisation pour la création ou la validation a posteriori d’un média.”
Qualifiant cette initiative de “forfaiture contre la démocratie”, il a promis d’engager des actions juridiques pour contester cette décision qu’il estime contraire aux principes fondamentaux de la liberté de la presse.
Une liste restrictive : 112 médias reconnus
Lors de la publication de cette liste, le ministre Alioune Sall a précisé que parmi les 380 dossiers déposés sur la plateforme Déclaration Médias du Sénégal (DMS), seulement 112 entreprises de presse ont été jugées conformes, réparties comme suit :
- 10 télévisions
- 11 entreprises de presse écrite
- 17 radios
- 11 radios communautaires
- 6 web TV
- 54 organes de presse en ligne
Les médias non conformes disposent de 72 heures pour régulariser leur situation, faute de quoi ils risquent des sanctions.
Un bras de fer en vue
Cette mesure du ministère est perçue par certains comme une tentative d’assainir le secteur des médias, tandis que d’autres, à l’instar de Mamadou Ibra Kane, y voient une attaque contre le pluralisme médiatique et une instrumentalisation du cadre légal pour museler la presse.
Ce bras de fer entre les autorités et les acteurs de la presse pourrait avoir des implications majeures pour la liberté d’expression au Sénégal, pays longtemps considéré comme un modèle de pluralisme et de démocratie en Afrique de l’Ouest.
La réaction des organisations nationales et internationales de défense de la presse sera déterminante pour la suite de cette affaire.