Un nouveau chapitre s’ouvre dans la bataille juridique et managériale autour de West African Energy (WAE). Samuel Sarr, ancien ministre de l’Énergie et actionnaire de WAE, a annoncé son intention de saisir le Tribunal de commerce pour contester la nomination de Abdou Karim Diop comme directeur général par intérim de la société. Cette décision, prise ce weekend, survient après le placement sous mandat de dépôt de Samuel Sarr pour abus de biens sociaux portant sur une somme de 8 milliards de francs CFA.
Conflit autour de la légitimité de la convocation du Conseil d’administration
Samuel Sarr affirme que Moustapha Ndiaye, actionnaire de WAE et plaignant dans l’affaire en cours, n’a pas la compétence pour convoquer le Conseil d’administration (CA) de l’entreprise. Selon lui, une telle prérogative revient exclusivement à un administrateur, comme la Senelec, et non à un simple actionnaire.
S’appuyant sur des changements intervenus au sein de la gouvernance de WAE, Samuel Sarr conteste également la légitimité de Moustapha Ndiaye en tant que président du Conseil d’administration (PCA). Il soutient que ce dernier a été remplacé depuis février dernier, successivement par Papa Mademba Bitèye, alors directeur général de la Senelec, et par son successeur, Pape Toby Gaye.
Usurpation de fonction et récidive dénoncées
Samuel Sarr a également porté plainte contre Moustapha Ndiaye pour usurpation de fonction, l’accusant de se présenter indûment comme PCA de WAE. Cette situation est aggravée par le fait que ce n’est pas la première fois que Moustapha Ndiaye désigne Abdou Karim Diop comme directeur général par intérim. Une nomination similaire avait été faite en juin 2024, mais avait été contestée et reste en suspens devant le Tribunal de commerce.
Une bataille juridique complexe
Pour les avocats de Samuel Sarr, dont Me Baboucar Cissé, cette répétition du procédé par Moustapha Ndiaye est inacceptable et sera également portée devant la justice.
“Il revient avec le même procédé […] que nous allons aussi attaquer”, a déclaré Me Cissé.
Ce nouvel épisode accentue les tensions au sein de WAE, où des différends financiers et de gouvernance menacent de freiner les ambitions du projet de centrale à gaz, un enjeu stratégique pour l’approvisionnement énergétique de la région.
Vers un impact sur le projet énergétique ?
Alors que les conflits internes s’intensifient, le risque d’une paralysie managériale devient de plus en plus tangible. Les différentes parties prenantes, y compris la Senelec, pourraient jouer un rôle crucial dans la résolution de ce conflit, qui met en lumière des enjeux plus larges de gouvernance dans les grandes entreprises sénégalaises.
La décision du Tribunal de commerce sera déterminante pour l’avenir de West African Energy et pour le climat des affaires au Sénégal.