La gestion du nouveau directeur général d’Air Sénégal, El Hadji Tidiane Ndiaye, soulève une vive polémique. Entre accusations de conflits d’intérêts et choix contestables en matière de gestion de la flotte, le pavillon national sénégalais traverse une zone de turbulences.
Des connexions douteuses avec des concurrents
Le journal EnQuête a révélé que l’entreprise privée Iris, fondée par El Hadji Tidiane Ndiaye, représente au Sénégal plusieurs compagnies concurrentes d’Air Sénégal, notamment Air Ivoire, un acteur clé sur plusieurs lignes africaines également exploitées par la compagnie nationale.
Ces relations suscitent des interrogations parmi le personnel d’Air Sénégal, d’autant plus que des contrats de location jugés excessivement coûteux ont été signés sous la direction du nouveau DG.
Un contrat de leasing controversé
L’un des exemples les plus emblématiques est la location de l’avion Airbus A320 immatriculé YL-EMU auprès de GetJet Airlines. Ce contrat, d’un coût de 1,4 million d’euros par mois, dépasse largement les standards du marché. Pour comparaison, la location de quatre autres Airbus A320 de la flotte coûte environ 600 000 euros par mois, soit une différence de 800 000 euros.
Un autre choix critiqué est celui de louer un Boeing 777 en wet-leasing (location avec équipage) au lieu de réparer un Airbus A330neo appartenant à Air Sénégal. Cet appareil, immobilisé à Orly, nécessite seulement un changement de moteurs pour reprendre du service. Or, le coût de ces réparations serait inférieur aux dépenses de leasing actuelles.
La dette : une réalité moins alarmante
Bien que la dette d’Air Sénégal soit estimée à 100 milliards de francs CFA, 65 % de ce montant est lié à la Redevance pour Développement des Infrastructures Aéroportuaires (RDIA), une taxe perçue sur chaque passager par l’État pour financer les infrastructures aéroportuaires. Selon une source interne, la dette réelle de la compagnie avoisinerait plutôt 16 milliards de francs CFA, un montant bien plus gérable.
Le marché du Hajj confié sans appel d’offres
Autre dossier sensible : le marché du transport des pèlerins pour le Hajj 2024, attribué à la compagnie low-cost saoudienne Flynas. Ce contrat, accordé sans appel d’offres, écarte l’utilisation de l’Airbus A330neo d’Air Sénégal. En tant que représentant de Flynas au Sénégal via son entreprise Iris, El Hadji Tidiane Ndiaye toucherait une commission de 5 % à 10 % sur chaque billet vendu.
Un personnel en colère
Les projets de réduction des effectifs et la gestion controversée des ressources suscitent une fronde au sein du personnel. Nombreux sont ceux qui dénoncent des décisions unilatérales et un manque de transparence dans la gouvernance de la compagnie.
Une situation critique pour Air Sénégal
Entre soupçons de conflit d’intérêts, contrats douteux et une dette mal comprise, Air Sénégal peine à redresser la barre. Les prochaines semaines seront déterminantes pour la crédibilité du nouveau DG et l’avenir de la compagnie nationale, alors que les voix critiques continuent de s’élever contre une gestion perçue comme hasardeuse.