Un programme de migration temporaire vers l’Espagne a suscité une énorme cohue en Gambie, où plusieurs centaines de jeunes ont pris d’assaut le ministère du Travail lundi matin pour tenter d’obtenir un formulaire de candidature.
Une bousculade dès l’aube
Dès 4 heures du matin, des aspirants à l’émigration se sont massés devant le ministère. À 8 heures, l’ouverture des bureaux a provoqué un chaos incontrôlable : des jeunes ont escaladé l’enceinte du bâtiment, des bagarres ont éclaté, forçant les autorités à suspendre la distribution des formulaires.
Cet incident rappelle une scène similaire survenue la semaine dernière à Dakar, où des centaines de Sénégalais s’étaient précipités pour postuler à des emplois saisonniers en Espagne. Face à la pagaille, les autorités sénégalaises avaient rapidement mis en place un système de dépôt en ligne pour éviter les attroupements.
Une alternative à la migration clandestine ?
La Gambie et le Sénégal font partie des pays où de nombreux jeunes, poussés par le chômage et la précarité, tentent de rejoindre clandestinement l’Europe en empruntant la route migratoire maritime menant aux îles Canaries.
En 2024, près de 47 000 migrants ont tenté cette traversée périlleuse, un record en hausse de 18 % par rapport à l’année précédente, selon Frontex. Malheureusement, plus de 10 400 migrants ont perdu la vie ou ont disparu en mer, selon l’ONG Caminando Fronteras.
L’Espagne mise sur la “migration circulaire”
Face à cette crise, l’Espagne cherche à encadrer les flux migratoires avec un programme de migration circulaire. Lors de sa visite en Mauritanie, Gambie et Sénégal en août 2024, le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez avait promis de renforcer ce dispositif :
“Permettre à des migrants de travailler en Espagne avec un contrat temporaire pour un secteur précis, avant de rentrer dans leur pays.”
Une solution qui vise à répondre aux besoins du marché du travail espagnol tout en limitant les départs clandestins.
Cependant, l’ampleur de la bousculade en Gambie montre l’urgence et l’ampleur de la demande, posant la question de l’efficacité et de l’accessibilité de ces programmes pour les jeunes en quête d’un avenir meilleur.