Dans son dernier rapport couvrant la période 2019 à mars 2024, la Cour des comptes a mis en évidence plusieurs anomalies dans la gestion des finances publiques. L’une des plus marquantes concerne un écart de 81 milliards de F CFA dans l’encours de la dette de l’Administration centrale au 31 décembre 2023.
Un écart entre les chiffres du gouvernement et du PLR
Selon le rapport, l’encours de la dette de l’Administration centrale, présenté par le gouvernement, s’élève à 13 773 milliards de F CFA. Or, dans le Projet de Loi Rectificative (PLR) 2023, ce montant est estimé à 13 854 milliards de F CFA, soit une différence de 81 milliards de F CFA.
La Cour des comptes explique que cet écart concerne essentiellement la dette intérieure, notamment :
- Les bons du Trésor en compte de dépôt
- Les bons du Trésor par adjudication de courte durée (moins d’un an) qui n’ont pas été remboursés à temps et ont donc été intégrés dans l’encours.
Par ailleurs, l’encours présenté par le gouvernement n’inclut pas certaines dettes, notamment la dette bancaire hors cadrage et certains tirages sur les ressources extérieures.
Une autre incohérence de 104,87 milliards de F CFA sur les disponibilités bancaires
La Cour des comptes a également relevé une disparité importante sur les disponibilités bancaires de l’État au 31 décembre 2023 :
- Selon le trésorier général, ces disponibilités s’élèvent à 278,47 milliards de F CFA.
- Dans le rapport du gouvernement, ce solde est estimé à 173,6 milliards de F CFA.
- L’écart est donc de 104,87 milliards de F CFA.
Des comptes bancaires non déclarés et des montants erronés
L’audit a révélé des incohérences dans les déclarations du Trésor public :
- Un compte bancaire non communiqué au Trésor affichait un solde créditeur de 479,6 millions de F CFA.
- Une erreur a été constatée sur un autre compte géré par le ministère des Finances : au lieu de 15 milliards de F CFA, un solde erroné de 3 141 F CFA a été mentionné.
Le Trésorier général a reconnu ces écarts et expliqué que le solde réel du compte concerné au 31 décembre 2023 était bien de 15 milliards de F CFA, correspondant à une opération de trésorerie enregistrée le 29 décembre 2023.
Une gestion des finances publiques sous surveillance
Ces révélations de la Cour des comptes posent de sérieuses questions sur la transparence et la gestion des finances publiques. Ces écarts, notamment sur l’encours de la dette et les disponibilités bancaires, mettent en lumière la nécessité d’un meilleur suivi et d’un contrôle rigoureux des finances de l’État.