Dans son rapport publié le 12 février 2025, la Cour des Comptes met en lumière plusieurs dysfonctionnements dans la gestion de la trésorerie et de l’endettement public au Sénégal entre 2019 et 2023. Elle relève notamment :
- Des discordances dans les données sur l’amortissement, l’encours de la dette et les disponibilités bancaires.
- Des anomalies dans les surfinancements, l’État ayant emprunté plus que nécessaire.
- Des pratiques impactant négativement la trésorerie, avec des fonds non versés au Trésor public.
- Des manquements dans la gestion des dépôts à terme (DAT).
- Une dette bancaire importante contractée hors circuit budgétaire.
- Un encours de la dette supérieur aux chiffres communiqués dans les documents officiels.
Un endettement en forte hausse
Le besoin de financement de l’État a explosé en cinq ans, passant de 1 227,68 milliards F CFA en 2019 à 2 642,70 milliards F CFA en 2023. Cette augmentation a été principalement couverte par des emprunts massifs, qui ont parfois dépassé les besoins réels.
👉 En 2023, ce surplus de financement était de 604,12 milliards F CFA, selon le rapport.
Par ailleurs, les dettes de l’État envers le secteur bancaire ont fortement augmenté :
- 2019 : 781,30 milliards de F CFA
- 2023 : 2 219,79 milliards de F CFA
- Mars 2024 : 3 816,69 milliards de F CFA (dont 3 091,40 milliards F CFA dus par l’État central).
Les crédits directs accordés à l’État central s’élèvent à 2 044 milliards F CFA (74,52 % de la dette bancaire totale), tandis que les titres émis par le Trésor public représentent 1 047,65 milliards F CFA.
Une gestion controversée des ressources publiques
Les disponibilités du Trésor public ont connu une hausse de 25 % entre 2019 et 2023, atteignant 173,6 milliards de F CFA en fin d’année. Toutefois, elles avaient atteint un pic de 298,8 milliards de F CFA en 2021, principalement grâce aux fonds mobilisés pour la lutte contre la COVID-19.
La Cour des Comptes pointe également un problème majeur :
📌 Un reliquat de l’emprunt obligataire Sukuk SOGEPA de 2022 n’a pas été versé au Trésor public.
Conclusion : Une gestion à risques de la dette publique
Le rapport met en évidence une mauvaise planification des emprunts, des écarts dans les chiffres officiels et des manquements dans la gestion des ressources. L’augmentation rapide de la dette et les pratiques budgétaires opaques posent un risque financier pour l’État et appellent à une plus grande rigueur dans la gestion des finances publiques.