En juin 2012, l’arrestation de douze personnes accusées d’appartenir à un groupe dénommé “Forces spéciales” avait défrayé la chronique au Sénégal. Accusés de complot contre l’État, d’association de malfaiteurs, et d’autres chefs graves, ces individus auraient eu pour objectif de déstabiliser le pays. Deux ans plus tard, Mor Guèye, ancien pompier et militant du parti Pastef, a décidé de briser le silence sur cette affaire qu’il qualifie de “montage”.
Un groupe WhatsApp devenu affaire d’État
Mor Guèye, présenté à l’époque comme un spécialiste des explosifs et surnommé “Commandant”, rejette fermement les accusations portées contre lui et les autres membres supposés des “Forces spéciales”. Selon lui, le groupe n’était rien d’autre qu’un forum WhatsApp inactif :
“Je pouvais l’appeler ‘Les Amazones’ ou ‘Les Danseuses’. Je n’avais aucune arrière-pensée en créant ce groupe ; pour preuve, il n’était même pas actif.”
Il soutient que l’histoire a été orchestrée par l’ancien régime dans le but de discréditer Pastef, le parti d’Ousmane Sonko :
“C’est un dossier monté de toutes pièces. Tous les supposés membres de ce groupe ont été arrêtés à différents endroits, et certains à l’intérieur du pays. On ne se connaissait pas avant notre séjour à la Sûreté urbaine.”
Une vie bouleversée
L’arrestation a eu des conséquences désastreuses pour Mor Guèye. Il a perdu son emploi de pompier, et son épouse l’a quitté. Interpellé dans l’atelier de couture de son frère à Rufisque, il a été confronté à des accusations qu’il juge totalement infondées.
Son surnom, “Commandant”, est également au cœur des spéculations. Pourtant, il affirme qu’il s’agit d’un sobriquet anodin donné par un camarade du parti en raison de son sérieux :
“Je venais toujours à l’heure et rentrais après tout le monde. C’est ainsi qu’Ousmane Diouf m’a surnommé Commandant.”
Une loi d’amnistie comme rempart
Mor Guèye refuse de s’épancher sur les détails du dossier, invoquant la loi d’amnistie qui interdit de revenir sur ces faits. Il insiste toutefois sur le caractère injuste de l’affaire, qu’il perçoit comme une tentative de museler les opposants au régime de l’époque.
Un symbole de résilience politique ?
L’histoire de Mor Guèye illustre les défis auxquels certains militants politiques font face au Sénégal, dans un contexte souvent marqué par des accusations de répression politique. Bien que réhabilité par la loi d’amnistie, il continue de dénoncer ce qu’il considère comme une atteinte à la démocratie et aux droits des militants d’opposition.