Un mois après la publication du rapport accablant de la Cour des comptes sur les finances publiques sous l’ère Macky Sall, le Sénégal reçoit, ce 18 mars 2025, une mission technique du Fonds Monétaire International (FMI) à Dakar. Conduite par Eddy Gemayel, chef de division du FMI, et Majdi Debbich, représentant du Fonds au Sénégal, cette délégation s’est entretenue avec les ministres de l’Économie, Abdourahmane Sarr, et des Finances, Cheikh Diba, pour analyser les conclusions de l’audit et envisager l’avenir économique du pays, renseigne Jeune Afrique.
Le rapport de la Cour des comptes, dévoilé le 12 février, a mis en lumière une sous-estimation flagrante de la dette publique sénégalaise. Initialement estimée à 25 % du PIB (plus de 4 700 milliards de F CFA) à fin 2023, elle atteindrait en réalité près de 100 % du PIB, contre 54,71 % en 2018. Une divergence pointée dès septembre 2024 par le Premier ministre Ousmane Sonko, qui accusait Macky Sall d’avoir masqué la réalité aux Sénégalais et aux partenaires financiers.
Le FMI, qui suit ce dossier de près, a dépêché cette mission après un examen initial du rapport par son département juridique et fiscal. « L’audit a été examiné par le département juridique et fiscal du FMI », explique un porte-parole du Fonds à Jeune Afrique avant la visite, précisant : « Il s’agit de discuter du contenu de ce rapport, et nous allons adresser nos commentaires et observations au ministre des Finances. » L’institution, qui avait suspendu son programme de 1,8 milliard de dollars avec le Sénégal après un versement de 770,5 millions, souligne toutefois une approche prudente : « Nous n’en sommes pas à l’étape de remettre en doute l’audit de la Cour des comptes. Le processus d’examen dans lequel nous sommes engagés s’applique à tous les pays, surtout lorsqu’il s’agit de dossiers sensibles comme celui du Sénégal », ajoutait le porte-parole.
Une nouvelle mission est prévue avant le conseil d’administration du FMI en juin, mais Dakar, en quête de liquidités, espère une décision rapide. « Une fois que nous aurons terminé l’examen du dossier, nous ferons un retour à notre conseil d’administration qui statuera », a encore détaillé le représentant du FMI, laissant entrevoir la possibilité d’un nouveau programme si les conditions sont réunies. Les partenaires diplomatiques du Sénégal plaident pour une dérogation permettant un décaissement dès fin avril.